Comment obtenir une écologie populaire et enracinée, avec Fatima Ouassak ?

par | Juin 21, 2023 | Idée, Uncategorized | 0 commentaires

Racines, appartenances, territoires, ancrage, identité: autant de termes qui depuis 1945 sont fréquemment confisqués par l’extrême-droite politique française. Apparaît alors l’urgente nécessité de s’approprier ces notions indissociables de tout questionnement politique et écologique.

Il ressort cependant des proximités très fortes entre les attentes explicites des électeurs des partis “populistes” identitaires (RN, Reconquête…) en France et les partisans d’une gauche “de rupture” (Nupes).

Se sentir utile de par son travail, pour une communauté soudée autour de valeurs partagées, à échelle humaine, où chacun.e peut aider à l’amélioration ou la préservation du territoire, grâce à un pouvoir politique accessible, ouvert et à l’écoute. Extraire du travail de la communauté des produits et des savoirs qui font la fierté de chacun.e, et qui participe à la particularité et à l’amélioration des conditions de vie locales.

Qui peut dire si ces mots sont de gauche ou de droite? Sortent-ils de la bouche de zadistes ou de zemmouristes? Ces attentes sont immenses de la part des électeur.ice.s de tous bords et ne sont plus appréhendables par le simple clivage Gauche-Droite.
Ce sont les conditions à remplir non négociables pour créer une société écologique et juste, et pour l’instant, le système politique actuel n’a pas l’air de l’avoir compris.

Le mot “écologie” est fondé sur le terme grec oikos (la maison, le foyer) et renvoie bien à ce cocon, ce sol où nous sommes toutes et tous né.e.s, qui nous a vu grandir. Les personnes issues de l’immigration, plus ou moins récente, vivent aussi sur un sol particulier, où leur quotidien et leur nouveau foyer se construisent. Si les phénomènes climatiques ou géopolitiques nous dépassent, nous n’avons une prise sur le réel que sur notre environnement immédiat. L’écologie peut être définie comme une manière particulière d’habiter un milieu. Notre société n’est donc pas écologique car nos modes de vie détruisent et nous coupent notre propre habitat, et indirectement de nous même.

Comme l’avait décrit Bruno Latour dans son ouvrage visionnaire Où atterrir?, la crise écologique et sociale que nous connaissons n’est rien d’autre qu’un dérobement du sol sous nos pieds, du fait que plus aucun “chez-soi” n’est garanti. Le Progrès tel qu’on le connaît, sans le questionner, menace directement l’habitabilité de nos lieux de vie européens et nous a déjà déraciné. On peut expliquer ainsi les réactions épidermiques identitaires des français.e.s qui veulent, dans le passé et la tradition, retrouver un chez soi protecteur. Les extra-européens sont déjà plongés dans cette crise et leur chez-soi est depuis longtemps menacé ou détruit, au point de devoir émigrer pour survivre.

Redonner du pouvoir politique aux habitant.e.s, notamment des quartiers populaires est nécessaire si l’on veut obtenir une société durable et juste. Cela vaut aussi pour les populations délaissées des zones rurales et périurbaines déshéritées, où des millions de personnes voient leurs conditions de vie dégradées par des politiques publiques hors-sols qui les arrachent à leur propre destin, à leur propre identité. Comme dit l’adage: l’écologie sans justice sociale, c’est du jardinage.

Nous devons donc apprendre à faire société en prenant en compte ces questions là, avec toutes les incertitudes qu’elles charrient. Car aimer sa terre, aussi bétonnée soit-elle, et avoir un pouvoir politique sur elle, sont des impératifs non négociables pour pouvoir en prendre soin.

La liberté et l’accès au pouvoir politique sont donc essentiels, si l’on reprend la thèse de Fatima Ouassak, pour qu’une écologie populaire émerge en tout cas dans les zones urbaines des classes inférieures.

Politologue, militante, co-fondatrice de Fronts de Mères (syndicat de parents) et de Verdragon,(maison d’écologie populaire) elle développe ces thèmes à travers le concept d’Écologie Pirate dans son dernier ouvrage “Pour une Écologie Pirate”. Ce livre témoigne d’une écologie positive, avec un programme concret à appliquer. Elle se positionne en opposition aux injonctions culpabilisantes des écologistes issue des classes moyennes et supérieures, uniquement concentrées sur le maintien de leur confort de vie. Enfin une écologie populaire qui met au centre du questionnement écologiste la participation politique des personnes les plus vulnérables au changement climatique!

Découvrez plus en détail sa vision de l’Écologie dans son livre ou dans une de ses nombreuses interviews.