De nos racines à nos engagements: habitons ensemble l’Ecologie !

par | Juin 21, 2023 | Idée, Uncategorized | 0 commentaires

Questions à Nicolas Escach, cofondateur de l’Écologie culturelle et directeur du Campus des Transitions de Caen.

Que veut dire « habiter l’Écologie » selon toi?

Habiter un territoire ça s’apprend. C’est un enjeu de formation initiale mais aussi de formation continue. C’est à dire que tout au long de la vie, on peut apprendre à habiter son territoire. Apprendre à habiter, c’est déjà apprendre à connaître son histoire, son fonctionnement, son rythme. C’est aussi apprendre à l’aimer. Et c’est aussi apprendre à se situer: apprendre aussi à pouvoir interagir avec lui, le ménager, collaborer avec lui et donc trouver sa place dedans.
C’est encore le mot cohabiter, et forcément quand on trouve sa place, on trouve aussi sa place avec les autres. Et tout ça s’apprend. Cela s’apprend d’autant plus que l' »habiter » est une notion qui est travaillée par le changement climatique. Qui dit changement climatique dit aussi éventuellement déplacement des populations, migrations climatiques, relocalisation des enjeux ou des habitats. Et donc ça suppose d’avoir une connexion avec ces lieux qui peuvent nous accompagner dans nos chemins de vie.

Comment tout cela se traduit-il dans le projet du Campus des Transitions, cursus universitaire dont tu es le directeur?

Le Campus des Transitions compte beaucoup d’étudiants qui viennent de partout en France. La plupart des étudiants viennent de régions autres que la Normandie. Pour autant, ils vont travailler en Normandie, mais aussi en Ile de France, en Pays de la Loire etc… après leur cursus. Donc la géographie du campus est très diversifiée.

Le campus a été créé en 2012, et a été pionnier sur les questions de formations des « transitionneur.euse.s », c’est à dire sur les questions de conduite ou d’accompagnement des transitions. On se sert vraiment de l’espace qui est autour du campus pour former nos étudiants à s’inscrire quelque part. Nous pratiquons ce qu’on appelle l’enseignement situé. C’est à dire de ne pas enseigner les transitions « hors sol », mais les enseigner par rapport aux ressources spécifiques d’un territoire. On s’appuie alors sur l’environnement, le milieu autour du campus pour pouvoir -par exemple- aller étudier les ressources alimentaires, les ressources énergétiques, le rapport que peut avoir la ville à son eau, la présence de l’Orme, la mer à onze kilomètres….etc.

On s’appuie sans cesse sur cet écosystème là, pour que les étudiants acquièrent des méthodes. Et je crois que la question du rapport aux territoires, la question de la Transition, c’est avant tout une question de méthodes. C’est à dire comment rentrer en interaction, comment éduquer notre regard, l’interaction, la collaboration, qui sont des choses assez nouvelles qu’on n’apprend pas forcément à l’école, dans le supérieur…

Notre objectif d’enseignement est de faire en sorte que nos étudiants, quel que soit l’espace où ils vont atterrir, prennent

en compte le contexte général, les contextes géographique, historique, environnemental et ne soient pas « hors-sol » mais inscrivent leur action de manière située dans leur futur territoire..

C’est vraiment notre particularité: inscrire l’action, aménagiste, politique, sociale dans une situation géographique particulière.

Comment appréhendes-tu la notion de racines?

La question des racines est intéressante. Premièrement avoir des racines ne veut pas dire être enraciné. Cela veut dire plutôt inscrire ses choix, ses stratégies, ses projections dans un. itinéraire de sens. C’est à dire dans des liens. Des liens d’ordre sentimentaux, des liens entre générations, mais aussi des liens qui forment une compréhension collective. . C’est ça qui fonde finalement la notion de racine, qui porte une démarche fondamentalement collective et intergénérationnelle. Cette démarche n’est pas seulement intellectuelle ou analytique, mais aussi sentimentale . Et également dans une approche de réconciliation des temps, dans une approche en 3D, où le passé, le présent et le futur se recoupent

On peut aussi avoir selon chacun.e un territoire auquel on est attaché personnellement, parce qu’on y est né, parce qu’on a appris à L’aimer notamment par des pratiques qui engagent le corps (sports et philosophies de plein air…). Ce sont des lieux que l’on reconnaît comme faisant partie de soi: un lien s’est tissé.

On en arrive donc à la formule: « De nos racines à nos engagements ». Peux-tu l’expliquer?

« De nos racines à nos engagements », parce qu’effectivement un territoire que l’on aime, c’est son histoire personnelle qui se mélange à l’histoire du territoire. Que ce soit parce que c’est un lieu de naissance, un lieu fondateur pour nous, un lieu qui a compté dans notre vie, tout cela participe à se sentir concerné, et d’un seul coup on s’engage pour le défendre!

On a l’impression que les racines, c’est statique et les engagements seraient dynamiques. Ce qui est important ici, c’est le fait que les racines et les engagements se construisent. Nos racines d’abord, comme je l’ai déjà évoqué, ce n’est pas là où on est enraciné. Ce sont les racines que l’on s’est construit, que l’on active. Pour les activer, il faut en avoir conscience et aller les chercher! Donc il y a les mêmes dynamiques entre les racines et les engagements. Nous projetons nos racines en projet et en engagements.. C’est notre inscription dans un élan collectif. C’est aussi comment collectivement, nous construisons quelque chose qui est fondé par des sens partagés, communs, des histoires partagées.