Un territoire nommé Désir

par | Juin 21, 2023 | Idée, Uncategorized | 0 commentaires

« Habiter n’est pas simple. Il n’existe pas de recette pour bien habiter. Pas de manières, pas de façons, de modes qui conseilleraient à n’importe quel individu de les adopter pour aussitôt comme par enchantement il puisse habiter. Habiter ne se décrète pas. C’est l’apprentissage qui donne à habiter un peu de sens. » Roland Barthes

La Nature est notre environnement mais notre première maison est notre corps.
Premier émetteur et réceptacle de nos besoins, désirs, frustrés ou explorés, notre corps est l’expression de notre unicité, de notre identité.

Notre culture nous a enseigné des manières contradictoires d’habiter notre territoire personnel.

On nous a dit un jour que « Je pense donc je suis » serait la meilleure des manières de s’habiter, puis plus tard on apprenait que « jouir sans entraves » devait primer…

Habiter l’écologie, habiter la Nature c’est donc d’abord savoir composer avec sa propre nature. Savoir s’habiter soi-même. C’est quoi être soi, vivre avec soi ?

Habiter l’écologie c’est savoir habiter un territoire nommé désir, en éprouver la puissance et les limites, l’étendue et la restriction.

Habiter l’écologie c’est en ce sens écrire l’histoire d’un monde qui trouverait une réponse collective pour apaiser la frustration des désirs inassouvis, perdus ou impossibles. Qui nous permettrait collectivement d’accueillir le regret, la perte ou le deuil. Le cycle de notre vie.

Qui ferait de la Nature un antidote à la perte de sens et non un bien qui rivalise avec le désir humain.

La question qui se pose dès lors est la suivante. A quelles conditions la Nature serait-elle suffisante pour que je renonce à exercer une partie de mon désir, de ma liberté, aujourd’hui
devenue raison d’être ? Quel est le prix de mon renoncement personnel à mon désir, au profit de la pérennité de la planète ?

A nous d’écrire ce nouveau chapitre civilisationnel. A nous de proposer un nouveau lieu pour le pouvoir, le désir, et la jouissance. Et qu’est-ce-que le désir, si ce n’est notre premier ancrage, le premier moteur de nos engagements ?

Habiter son désir, comme tout autre territoire cela s’apprend, et force est de constater que notre société cherche une manière satisfaisante de vivre ses désirs. Habiter l’écologie c’est finalement apprendre à vivre, et donc à mourir, à renoncer. Apprendre à quitter l’obsession du désir immédiat pour le temps long, à aimer. Une nouvelle école de la vie, fondée sur le respect de soi et de l’Autre, une nouvelle citoyenneté.

Ariane Ahmadi.