Une réflexion sur l’Écologie culturelle en Algérie

par | Juin 21, 2023 | Idée, Uncategorized | 0 commentaires

L’écologie culturelle est invitée du 3 au 10 mai 2023 par l’Institut français d’Algérie à une tournée dans le cadre des Nuits vertes. Quatre spectacles exceptionnels associant musiques, textes, conférences et projections. L’occasion de rencontrer à Annaba, Alger, Oran et Tlemcen des citoyens et artistes engagés pour le climat et de partager avec vous de nouvelles sources d’inspiration pour conduire ou accompagner les transitions. Suivez chaque jour notre voyage, nos réflexions et nos découvertes dans notre carnet de bord.

Mercredi 03 mai.

L’attente du départ pour Annaba est propice à une immersion dans les publications récentes sur la relation des Algériens à leur environnement.

Karim Tedjani est militant écologiste, consultant et conférencier. Il a créé Nouara Algérie, blog de référence sur l’environnement et est le fondateur du concept de la « Darologie ». Dans une étude publiée par la fondation Friedrich-Ebert en octobre 2021 intitulée « Le développement durable en Algérie », il appelle à promouvoir une écologie algérienne.

L’originalité de ses travaux repose sur trois fils directeurs.
Il défend tout d’abord le dépassement du clivage entre modernité et tradition, conservatisme et progressisme au profit d’une « voie du juste milieu » puisant dans des coutumes ancestrales nord-africaines adaptées aux sociétés d’aujourd’hui les ressources indispensables au changement.
« Algérianiser » le développement durable est à la fois pour lui une manière de reconnecter
les Algériens avec leur milieu naturel mais aussi d’ériger l’Algérie, située au carrefour de plusieurs influences culturelles, en laboratoire d’idées et d’outils pour répondre aux défis globaux. Il aborde ainsi le rôle des femmes et du « matrimoine » pour cultiver un rapport plus intime à la nature, évoque la nécessité dans des zones arides de déployer une intelligence de la collaboration avec le vivant, exhorte à redécouvrir les qualités du palmier dattier ou des variétés anciennes de blé. La responsabilité environnementale peut quant à elle s’appuyer
pour lui sur la triade Dar-Douar-Dénia. Dar désigne l’intimité partagée avec la famille, les
amis proches, mais aussi l’intimité vécue dans son propre corps. Le concept peut symboliser une nécessaire révolution intérieure. Douar étend la réflexion à la « collectivité intime », à
« une forme intime de la chose publique » et rappelle l’unité traditionnelle de la tribu
algérienne, le cercle, la grande maison d’une parenté plus étendue. Le Douar est susceptible dans sa philosophie de bâtir un changement collectif, une démocratie contributive et participative. Dénia signifie enfin le monde mais aussi la vie (dénia at dor : le monde et la vie tournent). Le mot révèle une dynamique circulaire et une ouverture sur l’étranger invitant à chercher le caractère universel des traditions locales.
Dans la dernière partie de son texte, Karim Tedjani nous entraîne dans un jeu d’échelles en associant le modèle local de l’oasis à l’instauration de nouvelles caravanes. Les oasis, mettant en œuvre des principes proches de la permaculture et une culture holistique, sont autant